Trois syndicats ont appelé les employés de La Poste à une grève nationale, alors qu’un débat doit avoir lieu ce jeudi 08 décembre sur l’avenir du service. Il s’agit des principaux syndicats CGT, SUD-PTT et UNSA du groupe. Les postiers dénoncent la détérioration des conditions de travail. Pour cause, ils réclament à la direction de nouvelles embauches compte tenue du malaise des personnels ainsi que la suspension des réorganisations du travail.
Dans ce cadre, les 22.000 agents du groupe sont invités à se rassembler à Paris, devant le Sénat dans l’après-midi, à l’initiative de sénateurs communistes. Par ailleurs, la première organisation syndicale du groupe CGT a annoncé plusieurs préavis de grève partout dans l’hexagone, notamment en Rhônes-Alpes, Midi-Pyrénées, Aquitaine, Pays-de-la Loire et en région parisienne. En tout cas, une chose est sûre, c’est que les boîtes aux lettres des Français vont rester vides aujourd’hui.
Des négociations infructueuses
Les négociations avec la direction ont commencé le 26 octobre dernier suite à la médiatisation de cas de souffrance au travail voire même des suicides. Mi-septembre, un collectif de salariés ont alerté les syndicats d’une série de suicides de facteurs, et trois d’entre eux avaient été reconnus par la direction comme « accidents du travail ». Pour se prémunir, la direction a présenté un ensemble de propositions sur le métier de facteur qui ont été rejetées par les syndicats.
La nouvelle négociation planifiée en trois séances avec la direction du 21 novembre s’est interrompue, au cours de laquelle les syndicats ont mis l’accent sur l’érosion du nombre de postiers en exercice. Or, le groupe demande davantage de productivité. Le 26 novembre, les syndicats ont quitté la table des discussions et dénoncent un « dialogue de sourds » ainsi qu’un « projet d’accord qui ne répond pas à l’urgence sociale ». L’entreprise a réagi aussi vite que possible, sans pour autant remettre en cause la transformation en cours, d’où la décision des syndicats à intervenir avec cet appel à la grève mais également une pétition en ligne.
Tous les métiers de La Poste sont touchés
La malaise concerne principalement la branche services-courrier-colis, mais cela n’exclue par les autres services. « Les cas de stress et de burn-out concernent tous les métiers » fait remarquer Nicolas Galepides, le sécretaire général du collectif poste SUD-PTT. Afin de calmer un peu le jeu, la direction a prévu un recrutement immédiat de 500 facteurs en CDI qui n’est pourtant pas suffisant par rapport à l’ampleur des travaux.
Dans l’ensemble du groupe, le taux d’absentéisme est évalué à 6,65%. A cela s’ajoute la suppression d’emplois égale à 7000 au cours de ces deux dernières années. La Poste aura ainsi « besoin d’un volant de remplaçant de 25%, et non de 10 à 15% comme actuellement » laisse entendre Valérie Mannevry du collectif Poste CGT. En un peu plus clair, La Poste a perdu 7.300 postes en 2015 et 48.032 depuis l’année 2008. Au départ, le Réseau détenait 17.000 bureaux de poste en gestion propre et n’en compte plus que 9000 environ à ce jour. Les quelques 8000 autres ont été convertis en partenariats. Les deux tiers sont des agences postales communales ou intercommunales tandis que le tiers se présente sous forme de postes de relais tenus par des commerçants.